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L’idée d’une plateforme de vidéo à la demande 100% Made in France pour concurrencer les géants américains était belle, trop belle. Lancée en octobre 2020, la plateforme SALTO n’aura vécu qu’à peine 2 ans. France Télévisions vient d’annoncer la cessation des activités de SALTO ce vendredi 20 janvier. Retour sur ce gâchis français.
SALTO, l’histoire d’un ménage à trois
Née d’une alliance improbable entre deux groupes privés et un groupe public, à savoir TF1 et M6 pour les acteurs privés et France Télévisions côté service public, SALTO était sur le papier une très bonne idée qui avait tout pour conquérir le marché du streaming en France. Bien qu’étant constituée de trois groupes concurrents, la plateforme, que l’on présentait comme le « Netflix français », avait plutôt bien réussi son pari !
En deux ans, SALTO a en effet réussi à réunir plus de 800 000 abonnés en France, ce qui fait d’elle une plateforme plutôt reconnue et solide. Même si ce chiffre est inférieur aux attentes des fondateurs, qui espéraient 1 million d’abonnés au bout de la première année, il n’en reste pas moins relativement élevé et suffisant pour rendre SALTO crédible aux yeux du public.
Au fil du temps, SALTO s’est aussi renforcé et a diversifié son catalogue en achetant les droits de productions étrangères afin de ne pas se limiter au direct et au replay des chaines des trois groupes fondateurs. On pense notamment à l’acquisition en décembre 2021 des droits de diffusion de l’émission spéciale « Harry Potter : Retour à Poudlard » qui réunissait les acteurs principaux 20 ans après le premier film au cinéma pour une diffusion exclusive le 1er janvier 2022.
Pourtant, force est de constater que la mayonnaise n’a jamais vraiment réussi à prendre, et après plus de 2 ans d’existence SALTO va définitivement disparaitre.
Les explications derrière la fermeture de SALTO
Sauf miracle, et repreneur qui sort de nulle part à la dernière minute, SALTO fermera ses portes dans quelques semaines. Selon Delphine Ernotte, la Présidente de France Télévisions, les divergences stratégiques des trois fondateurs auraient menées la plateforme a sa perte. En y regardant d’un peu plus près, on s’aperçoit que les raisons qui ont provoqué la chute de SALTO sont plus complexes que ça.
L’aventure était en fait vouée à l’échec avant même qu’elle ne débute. Une alliance entre trois concurrents était-elle réellement viable sur le long terme ? Cette alliance de circonstance était tout sauf un socle solide pour bâtir un projet viable. Les relations entre TF1 et M6 se sont davantage tendues quand la fusion entre les deux groupes a été rejetée, provoquant de nombreux désaccords en interne. C’est d’ailleurs à la suite de cette non-fusion que les deux groupes ont décidé de quitter SALTO, laissant France Télévisions dans l’incapacité de la gérer seule.
SALTO s’est aussi confronté à un autre problème de taille, celui de sa diffusion. Aujourd’hui encore SALTO est boudée par les principaux opérateurs télécoms, et n’est pas accessible via les box Orange, FREE ou SFR, uniquement sur Bouygues ou via Amazon Prime depuis avril 2022. Compliqué donc pour une plateforme d’exister sans accessibilité.
La plateforme n’aura donc tenu que 2 ans, mal ficelée dès le départ, laisse derrière elle un déficit de plus de 85 millions d’euros à combler, qui pourrait en partie être soldé par la liquidation des actifs de la société, 65 salariés, et surtout 800 000 abonnés. La vente du fichier client des 800 000 abonnés à une plateforme concurrente est ainsi envisagée. Cette option intéresserait Amazon Prime et Canal+.
Le « Netflix à la française » n’aura donc pas marqué l’histoire de la télévision. L’échec cuisant de SALTO souligne un peu plus l’immense difficulté d’intégrer le marché ultra concurrentiel de la SVoD aujourd’hui.
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