La brigade antipiratage londonienne (Police Intellectual Property Crime Unit, dit PIPCU), viens de faire parler d’elle récemment après avoir arrêté un suspect et fait fermer des noms de domaines (voir : Arrestation d’un pirate anglais, de nombreux NDD streaming suspendus). Cette action pourrait permettre à cette unité temporaire (budget accordé jusqu’en 2015) de devenir pérenne, si on en croit la lettre ouverte d’un député anglais au premier ministre David Cameron.
Une brigade officielle et temporairement financée en partie par le contribuable
C’est durant l’été 2013 que la police de Londres a décidé d’agir plus fortement contre les sites de téléchargement et de streaming, par la création d’une unité spécifique : la PIPCU.
Cette unité a détaillé son action dans un communiqué, en expliquant qu’une partie de son action se base sur la collaboration avec les registars et les régies publicitaires. Ce qui lui permet ensuite de s’attaquer aux sites fautifs, en leur coupant leurs noms de domaine ou revenus publicitaires. Cette action est facilitée pour cet organe étatique, facilité que n’avaient pas forcément les organes des sociétés privées. Mauvaise nouvelle donc pour le warez d’outre-Manche, et pour le warez tout court à l’époque de la mondialisation.
C’est pour réussir cette mission que l’État, et plus particulièrement le Bureau en charge de la propriété intellectuelle, agence exécutive du Department for Business, Innovation and Skills (Ministère des Entreprises, de l’innovation et des compétences) ; ont alloués un budget de plus de 3 millions d’euros à l’unité. Ce budget accordé pour une durée de 2 ans est censé finir en 2015. Cela ne signifierait pas pour autant la fin de l’unité qui est partiellement financée par des entreprises privées (tel que la BFI, lobby pornographique anglais).
Le prolongement du financement public demandé par un député
L’arrêt de ce financement traduirait un recul pour la lutte antipiratage, cette perte de soutien publique serait une perte financière et symbolique. Or jusqu’à présent il n’y a pas encore eu signe de la future décision prise par les autorités anglaises. Cependant le coup d’éclat effectué par l’unité n’est pas passé inaperçu aux yeux du député Mike Weatherley. Ce député anglais, très impliqué dans la lutte contre le piratage, a adressé une lettre ouverte au premier ministre anglais David Camron. Dans cette lettre il invite le premier ministre à renouveler et augmenter le financement accordé à l’unité dont il trouve le travail efficace.
Il n’oublie pas de signaler l’intérêt financier que représente cette décision « Les industries créatives apportent 70 milliards à notre économie chaque année, et c’est vraiment de notre intérêt national de protéger ce revenu ». Tout en précisant que la stratégie de concentration sur les revenus publicitaires de l’unité est la bonne : « Si nous arrivons à stopper le financement des sites illégaux, nous pouvons en arrêter une bonne partie. Jusqu’à 95% des sites pirates, d’après la PIPCU ».
Ce n’est pas la première fois que le député part en croisade pour sauver la propriété intellectuelle, il avait créé un concours musical en 2010 pour mettre en avant la protection des droits d’auteurs. Dans ces conditions, avec ce soutien important, il y a fort à parier que le financement de l’unité va être maintenu pour au moins deux ans supplémentaires.
Il est d’ailleurs plus que probable que la France réfléchisse à faire de même. Actuellement c’est la BEFTI qui, en collaboration avec des enquêteurs de société privée telle que la SACEM, se charge de ce genre d’enquêtes. La BEFTI doit aussi lutter contre le piratage, composée de seulement 25 agents elle pourrait bénéficier des retombées positives des réussites de la PIPCU. Amis administrateurs espérons que le premier ministre reste sourd aux conseils de ce député.
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