Le téléchargement évolue, il se professionnalise progressivement (lire notre article : vers des gros et petits sites de téléchargement) et comme avec toute évolution, on voit apparaître des dérives. Dans le monde capitaliste et libéral traditionnel, un produit qui fonctionne est un produit qu’on copie. Aucun site de téléchargement à succès n’est dépourvu de son clone. Mais il existe d’autres types de sites de téléchargement « fake » qui, contrairement aux apparences, ne permettent pas de télécharger, juste de perdre de l’argent. L’actualité nous offre des exemples intéressants avec la chute de FrenchTorrentDB et la fermeture de OMGTorrent, qui ont engendré des fakes.
Créer un clone et attendre la chute de l’original !
Si on s’intéresse à la liste des sites de téléchargement et streaming les plus populaires en France (voir le classement des sites warez les plus populaires en Octobre 2015), on s’aperçoit qu’ils ont tous une nuée de clones derrière eux. L’exemple le plus flagrant est DPStream qui fut très populaire pendant des années (sa fréquentation ne cesse de diminuer). De très nombreux fakes avaient vu le jour (avec exactement le même design, contenu et un nom de domaine similaires) et lui vampirisaient une partie de son trafic.
Mais pourquoi faire un fake ? La réponse tient en trois mots : faire du cash. Les gros sites de téléchargement sont très populaires et donc très rentables. En les copiant, on bénéficie de leur aura et on évite d’être noyé parmi les milliers de site warez. Il vaut mieux être deuxième sur une recherche : « PapyStreaming » que 30ème sur : « sites de streaming ». Les créateurs de fakes sont de plus en plus organisés, ils ont tendance à décliner le même site (même design, même contenu) sous des dizaines de noms de domaines afin de positionner derrière de nombreux sites populaires ; on est ici plus sur des fakes que des clones puisque, mis à part le nom, on ne cultive pas l’illusion. Chaque créateur de clones attend secrètement la chute du site officiel pour en obtenir enfin tout le trafic (et les revenus publicitaires qui en découlent).
Depuis la grande époque des fakes de DPStream les créateurs de fakes se sont améliorés et c’est devenu une réelle activité. Notons que lorsque le vrai DPStream est devenu moins rentable, la plupart ont fini par abandonner pour se tourner vers d’autres sites plus populaires. Certains font preuve d’inventivité en associant le nom de deux sites populaires afin d’obtenir deux fois plus de visibilité (jusqu’à dépasser les deux sites en questions). Mais attention, qui copie peut se faire copier. L’exemple le plus flagrant est le site : streamiz-filmze. Le webmaster du site a cherché à capitaliser sur deux noms de sites connus, sa réussite fut telle qu’il s’est fait copier à son tour par une multitude de fakes.
Un autre type de fake : le sondage et les newsgroups
Jusqu’à présent, nous avons parlé de fakes, pour lesquels il est surtout question d’usurpation d’identité , si tant est que ce terme est applicable à un site, illégal qui plus est.Mais il existe d’autres catégories de fakes : les sites piégés. Progressivement, en ayant amélioré leur modèle économique, ces sites sont devenus tout aussi répandus que les clones.
Ces sites ressemblent à de banals sites de téléchargement illégaux. Pourtant, vous aurez beau naviguer de pages en pages (tout en vous faisant imposer de nombreuses publicités) vous ne pourrez jamais télécharger le moindre fichier. À la rigueur, il sera possible de s’inscrire au classique abonnement Usenet à 30€ par mois, pour soi-disant pouvoir télécharger dans la foulée son fichier, ce qui est bien entendu un mensonge. Il existe des sites de streaming légal, qui se font passer pour des sites de streaming gratuit pour attirer des utilisateurs. Cependant, passés les 7 jours d’essai, l’utilisateur payera cher sa méprise.
Un nouveau type de site de téléchargement a également vu le jour : les filehosteurs payants. Vous les avez probablement déjà croisés : une fois arrivés sur la page de téléchargement, on vous demande de télécharger une application pour débloquer le lien. Ce petit téléchargement d’application présenté comme anodin vous coûtera 4€ par semaine et, bien entendu, vous n’obtiendrez jamais votre fichier. Cette nouvelle forme de fake est particulièrement subtile car elle n’a pas besoin de beaucoup de victimes pour être rentable. Ainsi, dès l’annonce d’un nouvel album ou d’un film attendus, les « arnaqueurs » vont générer une page de téléchargement en essayant de la rendre la plus crédible possible : faux commentaires, background personnalisé… et la diffuser partout : réseaux sociaux, commentaires dans les blogs voire, pour les plus impliqués, sur leur propre site . Profitant d’un monopole sur Google pendant quelques mois (les vrais sites de téléchargement ne créant une page que lorsque le fichier est vraiment disponible) il leur suffira de trouver quelques personnes crédules sur les milliers de visiteurs impatients ayant transité par le site.
Les fakes de FrenchTorrentDB et OMGTorrent
L’actualité du téléchargement est malheureusement riche d’exemples pour alimenter cet article. L’actualité P2P a été principalement marquée par la fermeture soudaine d’OMGTorrent et celle, moins soudaine, de FrenchTorrentDB. Ces deux événements ont donnés naissance à des fakes.
À la fermeture de FrenchTorrentDB, un site est apparu sur la toile avec le même nom (mais avec une extension en .tv) visiblement tenu par un webmaster expérimenté qui a pris soin de commencer par publier des articles sur la maintenance prolongée de FTDB afin de se positionner sur le mot-clé « FrenchtorrentDB » sur Google. Une fois le positionnement fait, le site s’est transformé en site de DDL pour profiter du gros trafic des utilisateurs de FTDB. Mais comme faire un fake avec un design totalement différent et un système de téléchargement opposé (DDL VS P2P) n’a pas d’avenir, le webmaster a rapidement fait une redirection vers son vrai site afin de profiter du référencement Google acquis. Finalement, le fake de FTDB mène vers TelechargementZ-Streaming, un fake de feu TelechargmentZ, gros site de DDL ayant fermé l’année dernière. Une stratégie bien rodée pour le faussaire !
Concernant OMGTorrent nous sommes dans la deuxième catégorie de fakes, ceux qui cherchent à télécharger sur OMGTorrent font fausse route. L’administrateur du site d’OMGTorrent a décidé de le rouvrir mais cette fois-ci sans liens de téléchargements. En voulant télécharger le torrent, vous serez confronté à des nombreux pop-ups pour finalement arriver sur une page d’abonnement NewsGroups. Ces deux sources de revenus cumulées (pubs et abonnements newsgroups) ont permis à son administrateur de récolter quelques fonds pour payer ses frais de justice. Il faut savoir que cette pratique est légale puisque le site ne propose pas de réellement télécharger des fichiers… et peu importe que la communauté se fasse flouer !
Dans quelques années, nous aurons probablement à faire face à un nouveau type de fake : le phishing des autorités pour repérer les uploaders. Ce procédé est encore illégal ….mais pour combien de temps ?
Arrivés à la fin de notre dossier sur les faux sites de téléchargement, que vous avez déjà croisés sans vous en rendre compte, vous êtes maintenant en mesure de les reconnaître, les comprendre et les classifier : fake, clone, pièges… et de les éviter !
Si le dossier vous a plu, n’hésitez pas à le partager autour de vous, et pensez à nous suivre sur Facebook et Twitter.
Merci bcp pour ces infos
Très bon article. On se souvient également des fake de DP qui avaient eu lieu pendant le long down, et également après la fermeture il y a un an. C’est un véritable fléau.
Merci bcp pour ces infos & surtout merci de nous informer Vive NextWarez